L’état des lieux

Parmi les 4 éléments de la crise écologique (changement climatique, chute de la biodiversité, épuisement des ressources naturelles et crise sanitaire), l’épuisement de la biodiversité est peut être celui dont les conséquences sont les plus irréversibles car l’homme ne peut plus réintroduire des espèces disparues. Or le rapport planète vivante 2020 du WWF insiste sur quelques indicateurs incontestables : 

  • Les activités humaines ont contribué en moins d’un demi-siècle, au déclin de 68% des populations.
  • La production agricole qui représente 80% de la déforestation mondiale, est aussi responsable de l’utilisation immaîtrisée de 70% des réserves d’eau douce dont les milieux (zones humides, lac, rivères et espèces qui en dépendent) sont en déclin de plus de 80% (atteignant même 94% dans les régions tropicales des amériques).
  • moins d’un quart des terres de la planète n’est pas affecté par les activités humaines

Cet effondrement de la biodiversité est notamment lié à une restriction des espaces vitaux de ces espèces et le fonctionnement des écosystèmes par la dégradation de la qualité des terres, la déforestation, l’expansion urbaine ou encore de l’intensification de l’agriculture et de la pêche. Or, l’extrapolation à l’environnement de ce que préconisait hippocrate conduit à penser qu’il « n’y a pas d’hommes en bonne santé sur une planète malade. »

La volonté de la présidente de la Commission Européenne

Dès son élection à la présidence de la Commission européenne en 2019, Ursula von der Leyen a fait de l’écologie le chantier majeur de son mandat, décidant de faire de l’Union européenne la première puissance verte mondiale, et l’épidémie de Covid n’a pas remisé cette prorité au second plan. 

Pour ce faire, à la demande de sa présidente, la Commisssion a défini le contenu du Pacte vert (“Green Deal”), orienté autour d’une ambition pour l’UE : devenir climatiquement neutre à l’horizon 2050, en prévoyant la mobilisation par l’Union Européenne de 1000 milliards d’euro en 10 ans, un budget considérable soumis à suivi législatif avec un objectif intermédiaire ambitieux : protéger 30 % des superficies marine et terrestre de l’UE, notamment grâce au réseau Natura 2000, à l’horizon 2030.

Deux stratégies convergentes, 4 piliers forts et structurants

Le plan présenté par la Commission est construit sur deux stratégies convergentes visant à “renforcer la résilience de l’Europe en enrayant l’appauvrissement de la biodiversité et en mettant en place un système alimentaire sain et durable ».

En résumé, c’est favoriser une alimentation de qualité pour induire de facto le maintien, voire la restauration de la biodiversité, et les proposition concrètes sont basées sur 4 piliers forts et structurants :

  • protéger et renouveler les écosystèmes (sur au moins 30% des surfaces terrestres et marines du territoire, dont 10% de manière strite et une tolérance « zéro » en matière de pratiques illégales d’exploitation des ressources halieutiques
  • Protection de la biodiversité à travers une transition des pratiques agricles. Et la Commission déclare pour ce faire, qu’elle va “travailler avec les agriculteurs afin de soutenir et d’encourager la transition vers des pratiques complètement durables » et prévoit “[qu’] au moins 25% des territoires agricoles soient cultivées dans le cadre de l’agriculture biologique d’ici 2030 », avec une réduction de 50% de l’utilisation des pesticides. La Commission prévois 20 milliards d’Euros annuellement consacrés à ce volet via plusieurs programmes comme Life, Horizon Europe et Natura 2000.
  • écologisation des zones urbaines, afin d’inciter les villes à “écologiser l’espace urbain” en créant des espaces verts publics (parcs, jardins…), en œuvrant pour la végétalisation de bâtiments et la plantation d’arbres dans les rues.
  • investissements verts : Le dernier pilier de cette stratégie se concentre sur le financmeent de la transition énergétique qui prévoit l’investissement de 25% du budget pluriannuel (soit 40 milliards d’euros)

Une véritable ambition internationale, et un changement de paradigme.

Avec ce programme, la Commission adopte une ambition internationale pour « “jouer un rôle moteur dans la lutte contre la crise mondiale de la biodiversité ». et entend même confier à sa diplomatie, par l’intermédiaire du service européen pour l’action extérieure (haut commissaire Josep Borrell)- un rôle de leader dans le respect des engagmenets pris au niveau mondial, les acords de Paris en particulier, allant même jusqu’à affirmer que la «la politique commerciale peut soutenir la transition écologique », une révolution syntaxique dans le vocabulaire rarement écologiste de la Commission !